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Muser en dînant...
18
septembre 2002: Boudry et le Roi de Prusse: 1707-1848
Le délicieux repas offert par le Musée de l'Areuse
Le 18 septembre 2002, Pierre-Henri Béguin a survolé les relations de Boudry avec le Roi de Prusse (1707-1848) à travers quelques documents et objets en possession du Musée de l'Areuse
Des relations qui nous paraissent bien grandiloquentes aujourd'hui! Il n'est qu'à relire les textes des discours, chant et autre prière composés pour l'occasion de la visite, en 1707, de l'ambassadeur de Sa Majesté pour s'en convaincre. Jugez-en plutôt: les Boudrysans, dans un discours, prient son Excellence d'assurer "ce grand Monarque que Dien nous a accordé" [...] "que nous serons toujours prêts à sacrifier nos corps, nos vies, nos biens et tout ce qui dépendra de nous pour son service." Puis, dans une prière: [...] "conserve chèrement sa personne sacrée; garantis-la de tous dangers; prolonges ses jours, et rends son règne de plus en plus heureux et florissant." Quel conseiller fédéral du 21e siècle ne souhaiterait pas recevoir une infime partie seulement de telles paroles!
Le Musée de l'Areuse conserve plusieurs écrits signés de Frédéric Guillaume, Roi de Prusse, notamment des remerciements pour les condoléances envoyées par les Maîtres Bourgeois de Boudry à l'occasion du décès, en février 1780, de S.A.R. la princesse douairière de Prusse, mère du Roi. L'enveloppe porte un cachet noir: signe de mauvaise nouvelle.
Après la première tentative avortée de révolution, en 1831, le Roi de Prusse remercie les sujets qui lui sont restés fidèles. Par exemple, Philippe Suchard (né à Boudry et bien connu pour ses chocolats) reçoit une distinction au nom de sa Majesté des mains du lieutenant-général Adolphe-Henri-Ernest de Pfuel. Le discours prononcé à l'occasion de la remise de la médaille "instituée le 18 janvier passé [1832]" pour "... la fidélité au ROI qu'il a manifestée pendant les événements qui ont agité ce Pays et compromis la sûreté de l'Etat." |
Enfin, en 1842, le Roi de Prusse vient en visite dans le canton et se rend à Boudry. A cette occasion, il reçoit des chefs des manufactures de toiles peintes de Cortaillod, Boudry, les Isles et Grandchamp, en témoignage de reconnaissance pour la haute protection qu'il accorde à leur industrie, und toile d'indienne avec représentation du Château de Valangin et du Saut-du-Doubs.
Cliquer sur le motif "Saut du Doubs" pour en obtenir le détail |
Cliquer sur le motif "Château de Valangin" pour en obtenir le détail |
Et les Boudrysans profitent de suggérer au Roi que leur passerelle en bois enjambant l'Areuse n'est pas digne de sa Majesté et que si le Roi voulait leur offrir un nouveau pont, ils en seraient très reconnaissants. Le Roi n'est pas très enthousiaste à cette idée. Alors les Boudrysans offrent de lui remettre le produit du droit de bouchon (ohmgeld) en échange du pont. Le Roi fit donc construire un pont en pierre à trois arches, pont qui a subsisté jusqu'en 1990, date à laquelle il fut gravement endommagé par une crue de l'Areuse et dut être détruit. Malheureusement pour le Roi, ce ne fut pas une bonne affaire pour lui, car seulement six ans après la révolution l'a définitivement éloigné de Boudry et de son droit de bouchon ! Boudry en revanche a gardé son pont durant 148 ans !
Et comme le veut la formule de "Muser en dînant", la présentation a été précédée d'un apéritif et d'un délicieux "papet aux poireaux" préparé par Frédy Droël
Il y avait foule au Musée ce mercredi: 46 convives pour déguster le repas et les nombreux gâteaux servis au dessert. Et naturellement pour s'enrichir de l'"âme" des objets du Musée de l'Areuse!
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Musée de l'Areuse, Boudry, 2002
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mise
à jour:
23 juin, 2003
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