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Les archives de Monsieur et Madame Tout-le-Monde

 

12 juin 2006: Jacqueline Rossier, conservatrice des Archives de la Vie Ordinaire (AVO), se penche sur les mines d'or qui dorment dans les familles.

Pierre-Henri Béguin, Président du Musée de l'Areuse, salue Jacqueline Rossier, sous-directrice du Collège de la Fontenelle encore pour quelques semaines, ancienne conservatrice du Château et Musée de Valangin et conservatrice des Archives de la Vie Ordinaire, rôle qui est au centre de notre veillée.

Pour un historien, toutes les traces du passé sont intéressantes. Certes, on pensait que l'histoire devait s'écrire avec un grand H et être écrite par de grands hommes (pour les grandes femmes, il faut encore attendre!). Mais les archives de Monsieur et Madame Tout-le-Monde nous permettent de nous pencher sur les mentalités.

 

Archives publiques, archives privées

Les archives publiques font partie des pouvoirs et compétences de l'état (archives des trois pouvoirs: législatif, exécutif et judiciaire). Les documents des autorités et des administrations sont obligatoirement versés aux archives publiques.

Les archives privées (individus, familles, collectivités de droit privé, communauté religieuse, syndicats, etc.) ne sont pas protégées légalement et il n'y a pas d'obligation de les conserver et de les ouvrir à la recherche.

Les archivistes collectent les archives des familles nobles et bourgeoises. Ces archives ont donc été déposées tout naturellement aux archives publiques. Mais, jusqu'il y a peu, personne ne s'intéressait vraiment aux archives des gens "ordinaires".

Que sont les archives privées?

Pour que les familles constituent des archives, en particulier les correspondances échangées, il faut que plusieurs conditions soient réunies:

1. Ces familles sont plutôt aisées, leurs membres savent lire et écrire (il est très rare de trouver des correspondances d'un paysan).
2. Elles doivent avoir de la place.
3. Elles ne doivent pas avoir trop d'héritiers pour que les archives ne soient pas dispersées.
4. Elles cultivent le respect et le sens de la lignée.

Que trouve-t-on généralement dans les archives familiales?

Les familles qui constituent des archives ont le sens de la durée. C'est en général vers la fin de sa vie qu'on se soucie de ses archives. Les principaux documents (ou souvenirs) conservés sont:

1. Les documents conservés pour des raisons juridiques ou administratives (preuves), tels que les actes notariés, les contrats, les procédures de succession, les documents officiels, etc.
2. Les documents de fonction des pasteurs et des instituteurs: correspondance scientifique entre collègues, notes personnelles, par exemple.
3. Les documents conservés à titre de mémoire ou pour des raisons sentimentales (ces archives sont plus "fragiles" et sont souvent menacées de disparition): journal intime, cahier d'écolier, récit de voyage, carnet de croquis, généalogie, correspondance familiale, etc.
4. Les souvenirs: portraits peints, médailles, chapeaux, lunettes, Bible familiale, etc.

La correspondance familiale peut-être:
- verticale (parents - enfants)
- horizontale (frères - soeurs - fiancés)
- oblique (tantes et oncles - neveux et nièces)

L'idéal est de trouver la correspondance active et passive, c'est-à-dire l'écrit et sa réponse ou l'aller et le retour.

La correspondance familiale est conservée de différente façon: parfois en vrac (c'est la plus menacée lors de déménagement), parfois bien rangée, étiquetée, mise en liasse (souvent pour la correspondance amoureuse, liée avec un petit ruban), dans des cartons. Malheureusement, la correspondance familiale subit parfois un tri préalable, selon des critères non archivistiques (des notes qui paraissent sans importance sont éliminées), parfois dans le dessein de laisser une image plus belle de la famille (effacer les traces d'événements dérangeants).

Les archives sont d'autant plus précieuses si elles sont documentées (photos avec légendes!)

Les Archives de la Vie Ordinaire (AVO)

Les Archives de la Vie Ordinaire se sont donné pour but de conserver des témoignages écrits que tout le monde possède sans trop savoir qu'en faire et qu'on appelle les "papiers de famille".

Les AVO ont déjà reçu une vingtaine de fonds. Elles collaborent étroitement avec l'Institut d'Histoire de l'Université (organisation d'un colloque universitaire sur les correspondances familiales au 18ème siècle) et la Bibliothèque publique (qui leur met à disposition des locaux).

 


Exemples de documents conservés dans les
familles "ordinaires"

 



Bon exemple de documentation des archives familiales


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© Musée de l'Areuse, Boudry, 2002
mise à jour: 30 septembre, 2006