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Esthétique et mystères des outils anciens
3 mai 2006: Willy Haag de Bôle présente quelques pièces de son immense collection.
Pour présenter
Willy Haag, Pierre-Henri Béguin utilise l'expression "vieux sage
socratique"! Il ajoute: "nous avons jeté nos outils et lui il les
a collectionnés".
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En guise d'introduction dans le sujet de la soirée, Willy Haag inventorie les sources d'information à disposition dans le domaine des outils, afin de détecter à quoi ils servent, de quand ils datent et comment ils se nomment: |
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Mais, pour en connaître l'utilisation, la meilleure source sont les personnes âgées, voire très âgées, qui ont été témoins de l'utilisation des outils, de la pratique de vieux métiers ou qui étaient artisanes. Il est grand temps de leur poser des questions, souligne Willy Haag. | |||
Pour l'anecdote, notre conférencier revient quelque peu sur l'Encyclopédie Diderot et d'Alembert. Donner la connaissance au peuple, c'était lui donner le pouvoir. Une encyclopédie était donc extrêmement dangereuse aux yeux de la royauté française et de l'Eglise. Diderot disait: "La connaissance vient de l'homme et non du Pape (donc de la Bible) ou du Roi". Le Roi Louis XV a refusé le privilège d'imprimer cette encyclopédie et le Pape Clément XII a ordonné la destruction de tous les exemplaires que des chrétiens possédaient et de les brûler sur la place publique. Le scandale va profiter à Neuchâtel: en 1769 a été fondée la Société Typographique de Neuchâtel, qui a, entre autres, imprimé la Bible d'Osterwald. Cette société va imprimer secrètement cette encyclopédie. Les exemplaires vont partir au Val-de-Travers et les paysans vont se transformer en contrebandiers. Ils vont transporter sur des cacolets les exemplaires de l'encyclopédie et les livrer en France, où ils seront vendus sous le manteau. Bien sûr, cela n'a pas plu au Roi qui a fait fermer la frontière. Cela fut un désastre économique pour le Val-de-Travers. Heureusement, il y avait les dentelles qui étaient vendues dans le monde entier et cela a compensé la contrebande d'encyclopédies ! |
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L'artisanat et les artisans sont à la base de tous les arts. Imaginez la musique sans luthier ou sans fabricant d'instruments à vent! Dans tous les domaines, les artisans ont précédé l'art ou l'ont servi. | |||
L'outil |
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L'esthétique L'outil ancien était fabriqué à la main: il a donc une patine et une forme extraordinaire. Aujourd'hui, ils sont en plastique et n'ont plus aucun charme. L'outil était personnel et était placé sous la protection de Dieu, gravé du nom de son propriétaire ou du monogramme du Christ. L'esthétique dépend parfois de la richesse du pays où il a été fabriqué. Deux exemples: |
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![]() Trusquins: un suisse et un anglais, en palissandre |
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Mais parfois aussi de la richesse du personnage ou de la famille: | |||
Les
Touaregs utilisaient des marteaux (ou haches) pour casser les pains
de sucre:
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![]() celui d'un riche, en partie en argent (c'est-à-dire fait avec de vieilles monnaies) |
Autres exemples: |
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Les manches des haches de boucher sont cannelés, parce que le sang est glissant et si l'outil échappe des mains du boucher, cela peut être terrible. | ||||
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La serpe bergamasque pour faire le petit bois et couper des branches. Le manche est en fer, avec des rondelles de cuir et au bout un petit crochet. Le crochet sert à retenir la serpe si elle vous échappe des mains et les rondelles de cuir à absorber la sueur. | ||||
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La hache de sabotier a un manche avec une sorte de boule au bout pour compenser le poids. | ||||
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Le marteau de ciseleur/orfèvre a aussi une boule au bout, faite pour avoir une bonne préhension et pour l'avoir bien dans la main alors que le marteau est très fin. Si l'orfèvre lâche l'outil au mauvais moment, c'est catastrophique sur une pièce en or. | ||||
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Le marteau pour casser les pierres a un long manche (en fait une simple baguette de noisetier ou d'aulne verte), dont l'élasticité absorbe le coup et permet l'effort pendant plus longtemps (parce casser des cailloux avec un marteau cela suppose un travail du poignet terrible pour l'articulation. | ||||
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La bisaiguë est un outil sans manche utilisé par le charpentier. Comme l'outil en métal est froid, on remplissait la douille de braises, puis on refermait avec un bouchon et ainsi le manche était tiède. | ||||
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Les
décorations |
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![]() Rabot de 1787 |
![]() Lumière d'un rabot (trou vers la lame) |
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![]() Grenouille ou crapaud décorant un rabot, probablement d'origine coréenne. |
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Le plus petit rabot est utilisé par le luthier et s'appelle la noisette. Il a 2 cm de long et sert à travailler les tables des violons. Le plus grand est la colombe, rabot de tonnelier. Il mesure jusqu'à 2 mètres de long. Le rabot est placé à l'envers sur un trépied et on promène la pièce à raboter dessus. A noter qu'au Japon, on ne pousse pas le rabot, mais on le tire contre soi. Les outils ont été décorés surtout aux 17-18e siècles. Seuls les compagnons décorent encore leurs outils. |
Pérennité
de la forme des outils à travers les âges Les exemples ne manquent pas: la "force", outil pour tondre les moutons. Celle apportée par Willy Haag a environ une centaine d'année, mais celle qui se trouve au Musée de l'Areuse a été trouvée dans une tombe romaine et a exactement la même forme. |
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Choix
des matériaux |
Epaule de mouton |
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La
pièce maîtresse de la collection de Willy Haag |
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On pourrait croire voir un philosophe barbu, qui pense sous les colonnes d'un temple! Mais, il ne faut pas oublier que le forgeron avait un statut spécial, un peu dangereux. Il travaille avec les forces du mal, avec les forces de l'enfer. |
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En fait, cette enclume a une forme de table pour mettre le travail du forgeron sous la protection de Dieu, à l'abri des mauvaises influences. Le personnage en bas, c'est le diable (il est en bas !). Quand le forgeron commençait son travail, il donnait un grand coup de marteau sur le nez du diable, ce qui explique le nez cassé de celui-ci! | |||
Pour clore la soirée, le public avait été invité à apporter quelques outils dont il souhaitait apprendre l'origine, le nom ou l'utilisation. Willy Haag a ainsi pu se pencher, entre autres, sur: |
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Et, comme d'habitude, la soirée s'est terminée autour d'un poussegnon fort appétissant! |
©
Musée de l'Areuse, Boudry, 2002
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mise
à jour:
26 mai, 2006
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