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Philippe Suchard: de Boudry à l'Orient du Minaret

 

8 juin 2005: Laurent Nebel, propriétaire, et Michel Muttner, restaurateur d'art, présentent le Minaret de Serrières

Devant une foule de 130 personnes, Pierre-Henri Béguin, Président du Musée de l'Areuse, a présenté les deux orateurs de cette veillée:

Laurent Nebel, propriétaire du Minaret: amoureux du patrimoine, c'est grâce à lui que le Minaret revit et reprend ses couleurs et ses apparences originelles.

Michel Muttner, restaurateur d'art: c'est à lui que nous devons la beauté retrouvée de nombreuses maisons neuchâteloises.

Il sera à nouveau l'hôte du Musée en octobre 2005.

Laurent Nebel raconte l'histoire du Minaret:

Philippe Suchard (1797-1884) a fait construire la maison aux environs de 1840 (rue Guillaume-Farel 11). Le Minaret a été ajouté ultérieurement (1865-1870). Les bow-windows (oriels) en fer Eiffel sont venus compléter l'édifice en 1890, soit après la mort de Philippe Suchard.

Au décès de Philippe Suchard, Karl Russ-Suchard, époux de Eugénie Suchard, reprend la gestion de la fabrique de chocolat et s'installe au Minaret. Vers 1915, au décès de Eugénie, il construisit la Villa Eugénie à côté de l'Ecole de droguerie (cette villa a été détruite au début des années 1960 pour laisser la place à un immeuble locatif).

Willy Russ, fils de Karl et de Eugénie, succède à son père à la tête de la fabrique et habite le Minaret jusqu'en 1925. Extrêmement sensible à l'art, il a accueilli dans cette maison tout ce que la Suisse comptait de peintres à cette époque, en particulier Ferdinand Hodler et Félix Vallotton.

Au décès de Karl Russ, Willy s'installe à la Villa Eugénie et son frère Herrmann vient au Minaret. Très discret, grand ami des animaux, il érige dans le parc une multitude de volières et d'enclos: il faut dire que la propriété s'étendait de la rue du Clos-de-Serrières au lac et jusqu'au carrefour avec la rue Pierre-de-Vingle environ.

En 1942, au décès de Hermann Russ, la propriété est morcelée en trois parties. Le Minaret, d'abord destiné à disparaître pour permettre la construction d'un home pour personnes âgées (ce qui n'a pas été possible en raison de la configuration pentue du terrain), est repris par un entrepreneur pour loger ses ouvriers: une cuisine est installée dans le local, un évier dans une des tourelles, la coupole centrale est fermée par une plaque d'éternit, des fils électriques sont tirés à travers les peintures murales. Par chance, personne n'a l'idée de couvrir de peinture acrylique les motifs orientaux! Mais les dégâts dus à l'humidité sont importants.

«C’est le comble du luxe de vouloir rénover pareil monument! Ça coûte cher et ça ne sert à rien. Mais quand on aime, on ne compte pas» conclut Laurent Nebel.


Tout le mystère de l'orient ...


Vu de la rue Guillaume-Farel


Vu du jardin, avec les bow-windows en fer Eiffel


Vu depuis la passerelle sur le toit.


L'accès au balcon circulaire a été condamné.


Porte d'entrée et porte menant sur les toits.

Intérieur: les vitraux peints ont beaucoup souffert.

Porte d'entrée et tourelle dans laquelle était installé un évier!

Détail des armoiries de Boudry (1707: date à laquelle la famille Suchard est reçue bourgeoise de Boudry).

 

Rosace au-dessus de la porte d'entrée de l'immeuble.

Ce qui restait des peintures à l'intérieur de la coupole centrale!

Michel Muttner raconte les différentes étapes de la restauration des coupoles:

Il s'agit d'une reconstitution à partir des fragments d'éléments originaux encore existants. C'est un travail d'une complexité énorme. Les artisans capables d'accomplir de tels travaux ne sont pas légion!

A l'origine, les bulbes étaient en zinc: le choix de ce matériaux était probablement dû à sa grande malléabilité; mais le zinc se corrode et tombe en poussière! Ils ont donc été refaits en cuivre. La coupole principale a un diamètre d'environ trois mètres et un poids de 700 kg. Les petites coupoles ont été dorées à la feuille (une feuille d'or a 5x5 cm et une épaisseur d'un micron), la grande peinte en blanc pour réfléchir au maximum la chaleur en été.

Les motifs peints à l'intérieur de la coupole centrale ont été reconstitués à partir de relevés sur des films plastiques: étant donné l'état des lieux, ce fut un travail de bénédictin!


Les mêmes motifs, après restauration!

Détail du motif central.

Des centaines de pompons à dorer à la feuille: plus le motif est structuré, plus les morceaux de feuille d'or doivent être petits!

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© Musée de l'Areuse, Boudry, 2002
mise à jour: 12 juin, 2005