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Assemblée générale 2013: mercredi 10 avril 2013

Pierre-Henri Béguin salue les présents, excuse quelques personnes qui se sont excusées et demande une minute de recueillement en souvenir de deux amis du Musée récemment décédés: Marika Eberhart, qui était une de nos «dames gâteaux», et Lucette Rossetti, épouse d’Albert qui est membre du comité, créateur des statues, décorateur, entre beaucoup d’autres activités.

Il informe que chaque membre qui dispose d’une adresse électronique peut nous la communiquer, afin que nous puissions, dans un souci d’économies, leur adresser les informations par courriel.


Pierre-Henri Béguin, président, Marie-Lise Robert, secrétaire, et Alain Barbezat, trésorier

Rapport du Président du Musée de l'Areuse:
2012 a été une année riche en activités; quelques photos et un petit résumé de ces veillées et autres conférences sont archivées sur le site Internet du Musée (site qui va tout prochainement enregistrer son 200’000e visiteur depuis sa création). Mais en plus des soirées traditionnelles, le Musée a accueilli une quarantaine d’enfants dans le cadre des Passeports Vacances. Beaucoup d’autres groupes sont venus visiter le Musée.


Dons reçus en 2012:
En 2012, le Musée a reçu plusieurs dons, notamment:
  • de Marcel Pollien, un tableau représentant l’arrestation de Charlotte Cordey
  • divers rabots provenant de l’ancienne menuiserie Borioli de Bevaix
  • de Daniel Borel, divers livres, brochures et lithographies sur Neuchâtel, Suchard et les grands cols suisses
  • de Pierre Favre, deux brochures sur des sites moyen-orientaux
  • de Robert Kaeser, une photo ancienne du bourg de Boudry
  • d’Hervé Ayer, les œuvres complètes de Jean-Jacques Rousseau, ainsi que deux tomes des œuvres complètes de Jean Racine
  • d'Aurélie Luther, un livre «Rousseau botaniste: Je vais devenir plante moi-même», dont elle est co-auteure
  • le Cahier de l’Institut Neuchâtelois 2013 sur les Milieux naturels neuchâtelois
     

 
       

Autres informations sur la vie du Musée:

  • Durant 2012, des travaux de réfection ont été entrepris sur la façade ouest et le bâtiment a été sécurisé (serrure de sécurité sur la porte principale et accès contrôlé par Digicode sur la porte ouest).
  • Le rouet a été restauré par Michèle Theurillat.
  • Les trois vitrines extérieures ont été mises à disposition de deux sociétés boudrysanes qui fêtaient leur centenaire: les scouts Groupe Marfaux et la section Treymont du Club Jurassien. Elles ont également présenté quelques sous-vêtements anciens féminins pendant quelques semaines.
  • En reconnaissance du soutien que nous avions reçu en 2000 lors de la rénovation du Musée par la Fondation Pro Patria, nous vendons chaque année leurs timbres et l’insigne du 1er Août. Martha JeanRichard, responsable de ces ventes, se recommande auprès de chacun pour faire bon accueil à ces actions.
  • Le Musée a collaboré avec le Cabinet de numismatique: le Musée a prêté 83 pièces de monnaies romaines et le Cabinet de numismatique en a dressé l’inventaire documenté.
  • Le Musée a également prêté plusieurs objets au Musée d’arts et d’histoire de Neuchâtel pour son exposition «Neuchâtel et ses Princes prussiens». Le vernissage a lieu le 20 avril prochain à 17 heures.
  • 2012 a également vu le réaménagement complet de la Place du Musée, avec création d’un arrêt de bus devant la façade ouest du Musée. Le Musée reste propriétaire de son terrain et a obtenu de la Commune l’assurance qu’un abribus ne serait pas érigé à cet endroit.
  • Un objet précieux du Musée, une rareté, a été prêté au CAN de Neuchâtel durant deux mois: notre «dame lacustre». Une analyse avec datation dendrochronologique de cet objet sera entreprise.
  • Le Kiwanis Club a participé aux frais de restauration d’un livre sur la famille Grellet.
  • Le Musée a attiré 380 visiteurs adultes et 121 enfants. Il a répondu à 237 demandes d’informations touristiques. Quelque 830 personnes ont pris part à ses manifestations.
  • Pour s’être privé, pendant au moins 5 ans, du plaisir de payer leurs cotisations, une vingtaine de membres ont été rayés de notre fichier. Le Président souhaite que chaque membre apporte quelques nouveaux membres.
  • Au chapitre des nominations, citons:
    - Frédéric Meisterhans est nommé membre à vie en remerciement de tous les services rendus, notamment en matière de sponsoring;
    - Lyla Vaucher et Denis Keller sont nommés membres du comité.
 

Conférence publique

 

Le château et le bourg de Boudry au Moyen-âge - Nouvelles observations archéologiques


par Christian de Reynier, archéologue du bâti
Office cantonal du patrimoine et de l'archéologie.

 

Pierre-Henri Béguin, président du Musée de l'Areuse, présente le conférencier en soulignant que beaucoup connaissent le canton par ses bistrots ou ses églises. Christian de Reynier le connaît à travers ses pierres, ses vieilles pierres, celles qui parlent avec leur âme.

Christian de Reynier relève qu'on travaille beaucoup sur les monuments du Moyen-âge au Service des Monuments, sous la pression de Jacques Bujard. En reprenant la documentation ancienne, en suivant des chantiers de transformation, on accumule un certain nombre de données, ce qui permet de renouveler notre regard.

Il souhaite placer Boudry dans le cadre de la zone de la Basse-Areuse, comprenant Colombier, Boudry et même Rochefort. Quelle est l'origine des chefs-lieux médiévaux? Pourquoi ce sont-ils installés à cet endroit ?

 

 

Le premier archéologue neuchâtelois, Frédéric Dubois de Montperreux, a dressé cette carte de l’occupation du sol au 3e siècle de notre ère (époque gallo-romaine). Chaque point représente un site bâti.

On constate que le Plateau, la vallée de l’Aar et Bâle sont les points de concentration des monuments. Donc, les occupations gallo-romaines concernent uniquement les plaines. Il y a peu de vie dans les montagnes.

Boudry est située dans une zone de forte occupation du territoire.

 


En haut, un tronçon de la Vy-d’Etra à Bevaix (fouille).
En bas, chaland romain,mis en conservation sous l’eau.

Boudry est au carrefour de l’Areuse et des voies terrestres.

Carte de gauche: Le trafic fluvial et lacustre est très important. C’est l’autoroute du Plateau suisse. Sur la commune de Boudry, il y a un port au lieu-dit Champ-le-Singe, actuellement sous l’autoroute. Nous y avons retrouvé un bras de l’Areuse. Les bateaux ont un fond plat car l'accostage est difficile et tributaire du vent. On devait s’enfiler dans le chenal pour pouvoir accoster à l’abri.

Carte de droite: Sur la rive nord du lac de Neuchâtel, il y a un axe de communication important: la Vy-d’Etra. Le Val-de-Travers (en pointillé) est le chemin le plus court vers le Plateau suisse depuis la France, mais le passage de la Clusette est particulièrement difficile, ce qui explique que le Val-de-Travers n’ait pas connu un grand essor. C’est la route du sel.


Site de Colombier: c’est un palais important. C’est la plus grande famille d’Avenches qui s’est créé un palais à la campagne. Ce palais se trouvait sous le château et sa partie rurale se trouvait sous le vieux bourg. En gris, les bâtiments actuels. Colombier est très proche des rois de Bourgogne. Le royaume s’étend sur la Suisse romande, la Franche-Comté et la Bourgogne. Le Jura n’est pas une frontière, mais une épine dorsale.

Boudry au cœur d’une seigneurerie du 11e siècle. Vers l’an 1000, il y a un personnage très important à Neuchâtel: le Comte Rodolphe, du clan des Sigiboldides.
Différents lieux structuraux: Môtiers qui détient des propriétés au Val-de-Travers, au Val-de-Ruz et vers Yverdon.
Les Sigiboldides possèdent Bevaix, Brot et Coffrane. Le petit-fils de Rodolphe fonde le Prieuré de Corcelles. On pense que Rodolphe a résidé à Colombier.
Les lieux importants se trouvent sur le parcours de l’Areuse et contrôlent le passage depuis la France. Le passage sur l’Areuse est situé entre Trois-Rods et Pontareuse, mais pas à Boudry. Trois-Rods signifie «trans rodam».
On pense que les successeurs de ces Sigiboldides sont les seigneurs de Rochefort, de Colombier et de Gorgier.


Le château de Rochefort, en pierre, est typiquement
seigneurial, avec une tour carrée.

Le château de Rochefort présente des caractéristiques originales qui pourraient remonter à l’époque romaine; il faisait partie de la paroisse de Pontareuse.

Les Rochefort sont une famille beaucoup plus puissante qu’on ne le pensait. Ils règnent sur le Val-de-Travers. Peut-être aussi en-dessous, à Boudry, afin de contrôler l’autre point de passage incontournable de la région, c’est-à-dire le passage sur l’Areuse?

Une borne représente l’église de Pontareuse (à droite).



Apparition des deux tours rondes vers 1318: la Tour du Croton (ci-dessus) et Tour Marfaux (à droite).



Le château de Boudry est très bien situé sur un éperon. C'est une position de contrôle exceptionnelle. Le nom de Boudry est entré très tard dans l’histoire. La première maison de Boudry date de 1278 (Baudri).
L'élément carré est l’objet le plus ancien. Une telle tour carrée se trouve un peu partout: Gorgier, Rochefort, Colombier et aussi en Suisse orientale.
La falaise étant instable, il manque beaucoup d’éléments de la fortification.
Quand on analyse le château de Boudry, on observe les murs. Mais aujourd’hui, les murs sont difficiles à voir: à l’intérieur, ils sont crépis et à l’extérieur les joints sont cimentés. La restauration de 1956 a permis de constituer une riche documentation.


Dès 1311, on trouve mention de bourgeois de Boudry. Pour dater la création du bourg, il faudrait pouvoir travailler sur les Vermondins (visite systématique des maisons, notamment des caves): on trouverait peut-être des éléments intéressants.

A l’origine, la rue Louis-Favre était une grande place et non une rue étroite.



Louis-Favre 64 (à gauche): Lors de rénovations, on a trouvé des traces d’anciennes toitures ou de chaînes d’angle.

Porte des Vermondins (à droite): On a retrouvé l’ancienne enceinte du bourg. Contrairement à ce qu’on peut croire, la porte actuelle est relativement moderne. Elle a été reconstruite au 19e siècle.

     

A l'issue de ce brillant exposé, Christian de Reynier a répondu encore à quelques questions:

  • Quelle est l'étymologie de Boudry? A priori, ce serait lié à un prénom germanique, Baldrick.
  • Où se trouve ce lieu-dit Champ-le-Singe? Sur la rive gauche, mais c’est loin de l’Areuse actuelle. C’est dans les Prés-d’Areuse. Probablement sous les infrastructures du pont de l’autoroute.
  • Où se trouvait exactement le pont sur l'Areuse? On ne le sait pas.
  • D'où vient le nom du lieu-dit Le Bataillard? Ce n'est en tout cas pas lié à une bataille. Peut-être à la famille qui l’exploitait.
  • Comme on ne peut pas dater une pierre, est-ce que le mortier ou la manière d’empierrer donne des informations? On ne peut pas dater de manière scientifique comme avec le carbone 14. Les tendances stylistiques donnent des repères, par exemple par recoupement avec d’autres éléments.
  • Dans une petite-Combe entre Bôle et Boudry, il ya un petit pont modeste qui traverse le Merdasson. Sous ce pont, on trouve de grosses pierres qui font penser à la Tour des Prisons de Neuchâtel. D'où viennent-elles? Christian de Reynier ne sait pas, mais il se rendra sur place à l'occasion. Il précise que les ponts sont en bois jusqu’au 17e siècle. Les ponts en pierre n'apparaissent que tardivement dans la région.

 
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© Musée de l'Areuse, Boudry, 2002
mise à jour: 11 août, 2014