Pierre-Henri Béguin, concepteur de l'exposition, retrace brièvement le parcours de Jean-Jacques Rousseau dont on fête cette année le tricentenaire de la naissance (1712-1778). Depuis 1750, Jean-Jacques Rousseau est l’homme le plus célèbre au monde, et le reste jusqu’à nos jours. En fait, il est devenu célèbre très tard. Pendant 38 ans, il n’était pas connu. Il ne trouve pas sa voie. Il commence beaucoup de choses et il abandonne. Il a des ennemis partout, il est traqué. Chacun de ses livres est explosif, à l’exception de La Nouvelle Eloïse.
Aujourd’hui, nous sommes rousseauistes. Si nous avons conscience de la nature, c’est grâce à Rousseau. Si nous portons un regard attendri sur les enfants, c’est grâce à Rousseau. Avant, l’enfant était un mal nécessaire. Les grands peintres peignaient des enfants avec des visages vieux, ternes, mornes. L'apprentissage ludique à l’école, c’est aussi grâce à Rousseau. L’idée de la démocratie vient aussi de Rousseau (et pourtant dans un monde monarchique).
Il est né à Genève, il a habité dans le canton de Neuchâtel et à deux reprises il est venu à Boudry.
Le progrès? Il génère des différences, des besoins,
le goût des apparences, la quête du rendement et
du profit... En fait, le progrès aliène l'homme en
le
rendant dépendant.
Loin d'améliorer la société, le progrès est un facteur
de corruption morale. Tout va à vau-l'eau, les valeurs vont à l'envers.
D'un côté, la domination et le luxe,
de l'autre l'oppression et la misère.
Le bonheur des uns est fait du malheur des autres.
Les différents états de la vie humaine
Partout l'homme est dans les fers...
Nous avons cherché ses petits ilots de bonheur et nous en avons trouvé six.
Jean-Jacques Rousseau, c’est le rat, le choléra du monde. Il inquiète.
Ayant appris le métier de copiste de musique, il a aussi fait de la musique et développé une nouvelle méthode de notation (au lieu de do, ré, mi, fa, sol...).
L’oeuvre complète de Rousseau
Chez le pasteur Lambercier, Rousseau découvre la campagne. Sa mère est morte en le mettant au monde. A 7 ans, son père le confie au pasteur Lambercier. Un jour, mademoiselle Lambercier a nettoyé les peignes. Elle les fait sécher dans la chambre de Rousseau. Mademoiselle Lambercier accuse Rousseau, à tort, de les avoir cassés et le fesse. Rousseau découvre l’injustice.
Chambéry ou le Paradis de l'Amour
Chez madame de Warrens. C’est une faiseuse» de petits catholiques. Rousseau a 16 ans, elle en a 26. Elle le convertit et l’envoie dans un couvent à Turin. Elle l’initie à la bonne éducation, à la lecture des grands livres... et aussi aux plaisirs du lit!
Montmorency ou le Paradis de l'Harmonie
Chez madame d’Epinay. Sa belle-soeur est madame Sophie d’Houdetot. Elle lui met une jolie petite maison dans la campagne à disposition. C’est la première et seule fois de sa vie qu’il aura les clés de son chez soi. Le nid symbolise la vie de famille. Madame d’Epinay l’envoie à Paris.
C’est le début de la fuite...
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Rousseau arrive à Môtiers, rejoint par Thèrèse Levasseur, petite lingère totalement inculte, qui ne sait ni lire, ni écrire. De 1746 à sa mort, elle est à ses côtés. A Môtiers, il trouve la solitude qui lui permet de rêver.
La Reuse à Môtiers
La cascade de Môtiers
Champ-du-Moulin
Jean-Jacques Rousseau est mort avec des papiers neuchâtelois, citoyen de Couvet. Il n’a jamais renoncé à cette citoyenneté (contrairement à celle de Genève).
Boudry: petite ville intégrée dans le cocon de la nature
Oscar Huguenin éprouve encore les méfaits du progrès et du luxe, que Rousseau avait dénoncés cent cinquante ans auparavant, dans le Discours sur les Sciences et les Arts.
A Boudry, il faut «saluer de nos regrets» l'avènement du monde moderne corrompu par
«l'inégalité», la propriété, l'argent, le culte des apparences...
C’est son paradis. Rousseau botanise et il va chanter l’eau.
Ermenonville ou le Paradis du Souvenir
Invité par le marquis René-Louis de Girardin, Rousseau y trouve un peu de calme et de sérénité.
L'hermine domine une petite souris: Rousseau est traqué...
La tortue a une carapace: Rousseau peut se retirer dans la sienne pour rêver...
